mardi 18 mars 2008

Même quand c'est beau y'a du gris

Il y a des sentiments que je déteste dans la vie. Me sentir inutile est l’un de ceux-là. Je ne dis pas que je ne me complais pas dans le farniente et le laisser aller total lorsque ça me plait (et dernièrement, c’est plus souvent qu’a mon tour je l’avoue). Lorsque j’ai été malade en 2004, bien que je sois revenu à la vie, en santé et ce malgré les diagnostics qui disaient tout le contraire, j’ai tout de même hérité de quelques séquelles.

Entre autres, après un trop court moment à rester debout, j’ai le bas du dos qui fatigue. Le problème est que j’endure beaucoup moins qu’avant ces maux de dos, je suis rendu pas mal moumoune dans cette région du corps. Peut-être le fait de m’être fait charcuter le dos avec une aiguille de la grosseur de celle réservé pour les anesthésies de baleines bleues à un certain lien. Un autre problème que j’ai c’est que depuis, j’ai perdu beaucoup d’équilibre et ça se répercute plus particulièrement dans l’action de monter et descendre des escaliers. Je dois me tenir. Ça ne parait aucunement, pratiquement personne n’est au courant, mais moi je le sais. Sans une main sur une rampe, je suis très craintif car je me sens vaciller.

Alors tout ça semble bien anodin et en effet en général dans mon quotidien, mon travail, c’est plutôt sans grande répercussion. Mais là ou ça me titille un peu plus, c’est quand vient le temps de me rendre utile, de donner de mon temps, apporter mon aide, faire certaines activités. Dernièrement j’ai eu des amis qui sont déménagés et j’en ai d’autres qui le feront sous peu. Avant, bien que je déteste les déménagements, j’étais le premier à me rendre disponible pour donner un coup de main. Ça me tue de ne pouvoir mettre la main à la pâte.

J’ai la force physique pour le faire, sans aucun problème. Mais j’ai de la misère à garder mon équilibre dans un escalier quand tout va bien, imaginez avec les bras chargés, c’est plutôt précaire. J’ai essayé à plusieurs reprises, l’orgueil menant beaucoup la chose et j’ai bien failli me retrouver face première au sol plus d’une fois… en fait c’est arrivé 1 fois. Encore là, ce même orgueil m’a relevé aussitôt mais je me suis sérieusement fait mal.

J’ai un frère et plusieurs amis « manuels » qui s’adonnent à plusieurs travaux qui requerraient des capacités que j’ai moins qu’avant. J’aimerais tellement être d’un plus grand aide que ce que je suis capable d’apporter présentement. Avant j’avais moins la volonté mais plus de capacité à le faire. Depuis, la volonté est plus grande que la capacité et ne pas pouvoir l’accomplir est très frustrant.

Lorsque ce genre de situation se présentait, je m’y présentais sans trop me questionner, je jouais les clowns de service, faisais un peu d’entertainment, mais ce n’est tellement pas comment je me sentais dans le fond. Maintenant je me retrouve de plus en plus à éviter de me présenter, prétextant n’importe quoi car je n’aime pas comment je me sens. Pour reprendre l’expression « Le clown est trisse en crisse » dans ces moments là.

Disons qu’avouer une faiblesse dans le monde d’aujourd’hui est plutôt difficile. Se sentir sans grande utilité me fait royalement chier.

« Oui mais tu es en vie » qu’on me dit. Certes, mais…

18 commentaires:

Kara a dit...

J'avoue que ça doit pas être facile... moi qui voulais te demander de l'aide pour mon déménagement! ;-)

Sérieusement, t'en fais pas. Si vraiment il n'y a rien à faire pour que tu retrouves ton équilibre, ton entourage va comprendre. Et si jamais les gens autour de toi continuent de ne pas s'en rendre compte, j'suis certaine que tu vas continuer d'avoir l'imagination nécessaire pour te trouver de bonnes raisons pour ne pas mettre la main à la pâte dans ces cas là! ;-)

Et j'suis pas inquiète, j'suis certaine que tes amis peuvent compter sur toi pour une foule d'autres choses!

Yano a dit...

Si tu étais un Bougon, je dirais "ben oui, c'est ça", mais comme je sais que ce n'est pas du tout le cas, je me met à ta place et je comprend ton malaise.

Pas facile de ne pas pouvoir aider à lever un frigidaire quand on pourrait être qualifié de.

Tes amis, ils connaissent l'histoire, ils pourraient comprendre ton mal de dos. De toute façon, je suis pas mal sûr qu'ils ne sont pas tes chums pour tes aptitudes de déménageur, tu n'as même pas de pickup, bâtard!

P.S. Tu pourrais toujours mettre la vaiselle dans le papier journal héhé

Marie... a dit...

Continue ton blog! Ça ne donne pas mal au dos et c'est très agréable à lire!

BeachBoy a dit...

pourtant, c'est le fun un clown de service quand tu demenages! :)

je viens de lire ton texte sur ta maladie, pis j'ai le motton.

et je second marie, continue ton blog! J'ai pu le temps d'En lire, mais le tien restera toujours là!

Anonyme a dit...

Tu sais, tout le monde a des faiblesses, tout le monde! Et honnêtement, qu'est-ce que ça donnerait si on en aurait pas? Rien de bon! C'est comme la perfection, c'est inateignable et c'est parfait ainsi.

Tu es en vie, oui... mais quand la vie elle-même te restreint de la vivre comme tu l'entends, c'est une autre paire de manches.

Bref, vit le plus de ta vie, avec ces faiblesses assumées, et prends le temps de savourer chaques réussites, simplement.

Courage Francis, le soleil reviendra pointer dans tes cieux... xoxox

Catherine a dit...

J'ai comme toi un problème au dos. Ça n'affecte pas mon équilibre, mais il m'est impossible de porter des charges... Lors de mes 3 derniers déménagements (excluant ceux effectués par la compagnie) j'ai été obligée de demander de l'aide autour... et je suis restée là plantée à regarder mes courageux parents, et amis, monter et descendre des boîtes pour moi alors que je pouvais à peine porter une lampe de table!

J'aimais mieux assurer ma santé à long terme que laisser mon orgueil prendre le dessus!

J'ai fini par réaliser qu'il y d'autres petites choses lors d'un déménagement qu'on peut faire..
Il y a toujours des besoins pour chauffer le camion, participer au ménage (passer le balai, frotter le bain, etc..), s'occuper des enfants et/ou animaux de la maisonnée..Aller chercher le lunch et la bière!

Dans le fond, il faut que tu focusse sur ce que tu PEUX faire et non pas sur ce que tu ne peux pas faire... ;o)

Anonyme a dit...

Y'a rien qui t'empêche d'aller les aimer à packter, à faire des boites ou du moins, à les amener près de la porte.

C'est chiant, mais au moins, t'es là, tu aides et tu ne te sens pas rejeter à cause de ton handicap.

Expliquez à tes proches la situation dans laquelle tu te trouves, sans en faire un mélo-drame, peut arrangé bien des choses: donc ton malaise je crois

unautreprof a dit...

ou tu proposes d'autre chose qui aide, qui enlève un stress à la personne.
Tu la nourris, es là pour cette personne.

Ça vaut de l'or ça. Et même plus.

Marie-Piou a dit...

Je comprends ce malaise qui est de toi-à-toi parce que j'ai pas l'impression que tu aies de la pression d'amis ou des commentaires négatifs de leur part.

Accepter que ta contribution sera différente de celle d'avant, c'est de qui est chiant.

Courage.

Anonyme a dit...

tu sais la vie ta donné un don immense!... Non ,peut-être tu ne peux plus lever un frigidaire à toi seul..

Écoute ,je ne te connais pas comme certains pourrons te connaître,mais tes textes,tes commentaires font du bien à beaucoup de personnes et j'en suis sûr! Si je serais ton ami proche.. et que je me sentirais triste..tu serais le premier à m'appeller pour me changer les idées et ça ,c'est inestimable!

J'ai eu une accident d'auto dans le passé qui m'a également limité..certain sport que j'adorais et que je ne peux plus pratiquer...

je sais que ce n'est pas facile à parler,mais parle en à tes proches.Je suis certains qu'ils sont plus déçu de ne pas te voir que l'aide que tu leur aurait apportée...

Juste d'être la ,présent devrais leur faire plus que plaisir.

Francis,le vie n'a pas croisé nos routes ... mais le fait d'avoir un "clown",un ami,"un Francis" serait pour moi d'une valeur inestimable.. keep smiling! ;)

AMBRE a dit...

Bravo, pour le "être en vie", mais quel commentaire inutile...c'est claire...non!!!

Se "sentir en vie"...plus utile comme commentaire, non!!!

Mais diable qu'il peut nous montrer (ce commentaire) à quel point on peut être près ou loin de la "track" et si l'on se sent loin...ça nous fera royalement chier aussi...NON!

Pour la faiblesse, de mon côté...je dirais que tout dépendant ce que l'on considère comme une faiblesse, ce peut être pour certains de l'assumer qui est plus difficle. Et ce n'est pas parce que l'on accepte...que l'on assume!

Et je ne sais pas si tes "manuels" auraient un bon livre à me conseiller?

Anonyme a dit...

Je te comprends. J'ai bientôt 27 ans et de bons problèmes de dos. C'est la même chose pour les déménagement...au miens, je force en malade parce que je me dis que j'ai pas l'choix.

Et après, 1 mois de douleur. Quand je vais a celui des autres, ils savent que j'ai des problèmes et ne me laisse pas forcer après des gros meubles...

Mais, j'ai trop d'orgueil, je force quand même, et j'ai du mal...

dean a dit...

Première question: Tes médecins t'ont -ils dit que cet état est permanent? Et les crois-tu? Si oui, d'accord.

Sinon, je te conseille d'engager un kinésiologue (entraîneur privé), un bon par exemple, et de travailler là-dessus.

J'ai sorti bien des gens dans ce genre de situations. Une même qui avait la jambe moins inervée, et ça s'améliore. Tout peut se faire.

Reviens moi là-dessus. :)

Karla a dit...

Tu sais Francis, il y a des choses que tu peux faire et qui peuvent beaucoup aide. Comme tu sais, j'ai la shape d'un tit oiseau alors les boites...oublie ca! Alors qu'est-ce-que je fais? Je lave! Les armoires, la salle-de-bain etc...Et je deballe les boites! Tu sais genre la vaiselle, le papier de toilette et je me fait un point d'honeur de faire le lit. Parce que dans ces journées-la, quand tu as envie d'aller te coucher et qu'il faut mettre des draps, ca ecoeure! Tu vois? Tu peux te rendre utile en fin de compte!!!

Ton apprenti-jedi secret!

Anonyme a dit...

Tout cela est dans votre tête. Vous n'avez qu'à l'exprimer, seul votre orgueuil risque d'en être affecté et se sera tant mieux (rire).

Vous vous rendrez peut-être compte aussi que vous n'êtes pas le seul à vieillir. Il n'y a que le passage des ans qui puisse faire comprendre aux moins jeunes ce que ça peut être de vieillir.

Pourquoi pensez-vous que les vieux s'agrippent aux rampes? Pour le plaisir?

À partir de 18 ans, le corps entamme une lente descente, jusqu'à sa décomposition totale. Ça va plus vite pour certains, moins vite pour d'autres.

Désolé, c'est comme ça!

Accent Grave

Anonyme a dit...

Il est souvent difficle d'accepter ses limites.
Si ceci peut te faire sentir moins seul, je t'annonce ici, qu emon déménagement de samedi, sera fait par tous ceux qui m'aime, et que je me contenterai de les encourager. Prise au dos, avec une hernie discale en crise, je me sens exactement comme toi, impuissante, et ça me fâche. Je dois lâcher prise....fais de même Francis...je sais que c'est pas facile. Un jour à la fois, une marche à la fois.

MisssCaro a dit...

Je sais ce que c'est que de vivre avec le souvenir de ce que nous pouvions faire avant et plus maintenant. J'ai été malade en 2005 et depuis il y a un tas de trucs que je ne peux plus faire. Je n'ai pas vraiment de conseil... je sais seulement qu'en ce qui me concerne, je trouve ça un peu difficile de vivre ça seule. Alors je te donne une tite bine sur le bras ;)

EVELYNE a dit...

Avoir mal au dos n'est pas une faiblesse, c'est juste une particularité , une conséquence d'un problème dont tu n'es pas responsable : il n'y a donc aucune raison de culpabiliser pour cela ! Je suis convaincue que la meilleure solution est d'en parler à tes amis, de sorte qu'ils comprennent bien la raison d'une activité différente en cas de déménagement.Et puis, je suis convaincue que tu peux être utile de mille autre façons, sans devoir porter des choses lourdes et te mettre en danger.
Le dialogue, on n'a encore rien trouvé de mieux pour gérer ce genre de soucis :-))