Je m’en souviens trop bien. Près d’un mois après cette histoire, je suis défait mentalement. En public je suis fort, tout le monde trouve que je vis tellement bien la situation. Je leur ment, en fait je me ment. En dedans je suis une épave, échouée sur le rivage du désespoir. J’évite les contacts humains sachant trop bien que je ne suis pas endurable. Dans le processus, j’en ai même perdu des amis (ou ce que je croyais en être).
Alors cette journée chaude du 12 mai 2005, trop chaude, n’aide en rien mon caractère bouillant. Chacune des parties de mon corps crient vengeance. La rage m’a complètement envahi. Je suis enragé contre la vie de m’habiter tandis qu’elle l’avait abandonné elle sans raison valable. Je suis enragé contre le monde entier d’exister, je suis enragé envers cette rage qui m’habite.
L’appel retentit vers les 16h, les informations sont entrées, la rage se décuple.
« Il est retourné chez lui aujourd’hui, il demeure au 1248 rue XYX à Montréal »
Saute dans la voiture, des rivières de rage coulent sans arrêt de mes yeux. Direction Montréal, un arrêt sur le chemin, le magasin de sport le plus près. J’entre dans le rayon, choisit le plus pesant, ne regarde même pas le prix, je m’en contrefout. Alors avec mon Louisville Slugger fraîchement acquis non sans peine, car mon état d’esprit devait transpirer de mon visage, la jeune caissière semblait avoir peur que j’utilise ma nouvelle acquisition sur elle, je suis reparti, déterminer à assouvir mes plus bas instincts.
Je stationne ma voiture devant sa maison. Je reluque par la fenêtre de ma position avec mon bâton de baseball bien en main et prêt à agir. Cet animal doit payer. Il souffrira tout comme je souffre, tout comme elle a souffert. Il est libre comme l’air, il est vivant et il n’a pratiquement pas été puni pour le crime qu’il a commis.
Je sors de la voiture, j’entre dans la maison et je le roue de coup, le Louisville Slugger s’en donne à cœur joie, mais lui il crie, il hurle de douleur, j’entend clairement les os se broyer sous mes élans, le sang coule sur le sol et ma rage me quitte. Du moins c’était le scénario que je m’étais fait dans ma tête.
Je ne suis pas sorti de la voiture. Poser ce geste n’aurait-il pas fait de moi le même genre d’animal que je lui reprochais d’être ? En me laissant gagner par cette rage, ma vie à moi aussi aurait été finie. Je repris mes esprits et me suis convaincu à ce moment que j’étais plus intelligent que ça, que c’était trop tard, que je devais reprendre le cours normal de ma vie.
Ce n’est tellement pas mon genre, mais symboliquement j’ai brûlé mon Louisville Slugger flambant neuf en brûlant par le fait même toute ma rage, tout ce sinistre chapitre, tout ce qui n’avait pas été beau dans tout ça. Je le laisse derrière, en cendre.
18 commentaires:
Rien à ajouter.. aucune réplique de Slap Shot n'est digne de cette tranche de vie !
:0)
Je peux comprendre un peu. Les personnages de mon histoire sont tous vivants, mais je connaîs trop bien cette rage...cette envie de vengeance.
Trop bien...
:)
Rien de plus à ajouter.
T'as frappé, sans même l'élan, un coup de circuit, mon ami.
Je comprends ta rage...C'est fanchement dégueu que des mecs comme ça restent si peu de temps en tôle !
J'admire ta démarche et le fait que tu en parles dans ces termes.
C'est la preuve d'une grande force intérieure!
*hug*
Thanks for sharing.
.... je ne sais pas quoi rajouter ... à part qu'il y a un autre trou duc qui a tué une jeune fille cette semaine ...
Quand est-ce que ça va arrêter donc tout ça ?
J'te fais un *HUG* moi aussi ! xx
Je n'ai qu'un silence d'admiration à exprimer....
*silence*...
merci de te confier à nous..j'espère que ça t'aide...un tout p'tit peu...
Merci de ne pas avoir fait cet erreur.
xxx
Cette histoire me bouleverse beaucoup. Je l'ai lu hier et j'y pense encore ce matin.
Je suis incapable d'imaginer ce que ce doit être pour toi de vivre quelque chose de si déchirant.
Et je ne sais pas non plus quoi dire qui viendrait mettre un baume sur tes blessures et ta colère.
Y'a rien à dire. C'est une véritable tragédie. Ça me trouble cette histoire.
Encore une fois j'ai eu des frissons en te lisant...
(en parlant de ta rage et en lisant à la Rodger Brulotte)
Bonsoir, elle est partiiiiiiiie
Très touchant cette histoire, Francis.
J'aime beaucoup le commentaire de yano.
Ca prend plus de courage pour accepter et tenter de passer l'éponge que pour assouvir un instinct de vengence.
Bravo !
J'espere que tu aurass une belle "nouvelle vie". Je crois sincèrement que tu le mérites.
tres emouvant et touchant .
Je trouve bien le fait que tu a reflechit avant d'agir ce que tres peu de gens arrive a faire .
je te donne un gros *hug* virtuel.
y'a malheureusement rien d'autre a ajouter...
Passe une belle fin de semaine xox
Je comprends ta rage, je l'aurais ressenti aussi dans les mêmes circonstances mais je crois que t'as bien fait de ne pas t'abaisser à son niveau. T'as seulement prouvé que t'étais supérieur à lui même si lui s'en sort probablement sans égratignure.
!... je ne connaissais pas cette histoire... C'est donc ben intense!
Pis criss, avec toutes ces pubs, y'a encore des gens qui conduisent saouls!
En tous cas, t'a tout mon admiration.
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